Fondements de la politique d’occupation
La politique française concernant l’Allemagne était dictée par le fait qu’elle avait été envahie par trois fois au cours des 100 dernières années (1814/15, 1870/71, 1914-1918). En outre, l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l’issue de la guerre 70-71 avait été perçue comme une grande injustice.
Malgré la victoire de novembre 1918, les énormes destructions et pertes subies pendant la guerre, ajoutées à la puissance industrielle de l'Allemagne, ont alimenté la crainte d'une autre agression. Les montants élevés des réparations n'étaient pas seulement destinés à permettre à la France de se reconstruire mais aussi, associés à une réduction drastique de l’armée allemande combinée à une occupation la plus longue possible, à garantir l'innocuité de son voisin d’Outre-Rhin.
Un autre élément pour la sécurité future de la France fût la mise en place d’un pacte de garantie avec les États-Unis. Cependant, ce dernier n'a pas été ratifié par le Congrès américain. De plus, les États-Unis ont refusé d'approuver le traité de Versailles (1919) et ont retiré leurs troupes en 1923 (au lieu de 1929). Les réparations destinées à affaiblir l’Allemagne en devinrent d'autant plus importantes pour la France. Alors que la population française exigeait l'annexion de ces territoires, la tête de l’Etat a jugé plus sage d'encourager les aspirations autonomistes en Rhénanie et dans le Palatinat. L'objectif était la formation d'au moins un État tampon sur la rive gauche du Rhin, dont la politique et l'économie devraient être orientées vers la France dans un esprit d’amitié. Afin de gagner la population à ce projet, une politique culturelle intensive fut menée et on rappela même l'époque napoléonienne, au cours de laquelle des Allemands des quatre départements de la rive gauche du Rhin avaient combattu dans l'armée française.
Rétrospectivement, il apparaît que cette dualité de dureté et de séduction reposait sur une contradiction fondamentale. Elle offrait de nombreux angles d'attaque pour la propagande nationaliste haineuse du côté allemand. L’échec de la politique d’occupation était dès lors pré-programmé.
Le général Mangin s’adresse le 5 décembre 1918 aux soldats de la 10e armée avant l'entrée dans la Hesse rhénane
« Nul ne peut vous demander d'oublier les atrocités commises par l'ennemi pendant les quatre années de guerre : violations des lois de la guerre, meurtres de femmes et d'enfants, dévastation systématique sans aucune nécessité militaire.
Cependant vous ne devez pas suivre ces ennemis sauvages sur le terrain de la barbarie mais faire triompher le progrès et la civilisation. Ainsi, partout vous devrez vous montrer dignes de votre grande mission et de vos victoires. Sur la rive gauche du Rhin, vous vous souviendrez que les armées de la révolution se sont comportées de telle manière que la population rhénane a approuvé par acclamation son rattachement à la France. Et que les aïeux de ceux que vous rencontrerez ont combattu aux côtés des nôtres sur tous les champs de bataille d'Europe pendant 23 ans. » (Guerres post-révolutionnaires de 1792 à 1815, cité de Schlegel 2018, p. 53)
Auteurs
Traduction: Jacques Cercelet et de Jean-Claude Dufourd (Animation en Côte chalonnaise)
Textes et Édition: Dr. Walter Rummel (Landesarchiv Speyer), Dr. Hedwig Brüchert; Dr. Ute Engelen, Marion Nöldeke, Dr. Kai-Michael Sprenger (tous Institut für Geschichtliche Landeskunde Rheinland-Pfalz e.V.), Franziska Blum-Gabelmann M.A. (Haus der Stadtgeschichte Bad Kreuznach), Dr. Eva Heller-Karneth (Museum Alzey), Dr. Armin Schlechter (Landesbibliothekszentrum Rheinland-Pfalz, Pfälzische Landesbibliothek)