La propagande anti-française
Des forces politiques très diverses, en particulier tout un spectre allant des conservateurs à l'extrême droite, pratiquaient l’agitation contre la politique d'occupation française en Allemagne. Parmi les contre-mesures prises par le gouvernement bavarois figurait, publiée en 1924 et 1930, une chronologie des événements de la période d'occupation, qui entendait rendre publics les objectifs politiques « poursuivis avec l'exercice du droit d'occupation » et les graver à jamais dans les mémoires. En Hesse rhénane, le Reich et l'État de Hesse financèrent à des fins spécifiques des institutions culturelles telles que le Théâtre municipal de Mayence ou le Musée central romano-germanique. Une autre réponse à la propagande culturelle française fut la création à Mayence d'une école de musique à vocation scientifique et artistique (devenue en 1929 Ecole Supérieure de Musique). Toujours à Mayence une bibliothèque populaire allemande et une salle de lecture populaire devaient être opposées aux salles de lecture françaises.
Les autorités allemandes n’appréciaient pas l’installation d'universités françaises. En réaction, le gouvernement bavarois fonda en 1921 la Bibliothèque d'État du Palatinat. Comme le formulait son premier directeur, celle-ci est « née de la détresse due à l'effondrement allemand et à l'occupation ennemie ». Le rôle assigné à la Société du Palatinat pour la Promotion des sciences, fondée en 1925, était de « veiller sur le patrimoine national allemand, de l’autre côté de la nouvelle frontière ».
Le président du gouvernement du Palatinat, Theodor von Winterstein, lui-même expulsé en 1919 par la puissance occupante, a fondé à Mannheim en Bade un Bureau central pour les affaires du Palatinat (« Pfalzzentrale »). Ce Bureau se développa en service de propagande, d'information et d’investigation et polémiqua notamment contre les troupes d'occupation provenant des colonies françaises (« La honte noire »). La Ligue féminine rhénane, fondée en 1920 à l'initiative du gouvernement allemand, s’est associée à cette polémique.
Werner Best, né à Darmstadt en 1903 et qui a grandi à Mayence, appartenait à l'extrême droite; il a principalement pratiqué l’agitation pendant les affrontements contre la France dans la Ruhr et a ensuite fait carrière au sein du NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands). A partir de 1926, de part et d’autre, l’affrontement culturel a été mené non seulement par l’édition de nombreuses brochures, mais aussi avec des films. De nombreux films sur la première guerre mondiale et sur la Rhénanie ont été produits dans le Reich allemand à partir de 1926. Sur la Rive gauche du Rhin, la projection de ces productions était régulièrement interdite par l’autorité française d’occupation.
Auteurs
Traduction: Jacques Cercelet et de Jean-Claude Dufourd (Animation en Côte chalonnaise)
Textes et Édition: Dr. Walter Rummel (Landesarchiv Speyer), Dr. Hedwig Brüchert; Dr. Ute Engelen, Marion Nöldeke, Dr. Kai-Michael Sprenger (tous Institut für Geschichtliche Landeskunde Rheinland-Pfalz e.V.), Franziska Blum-Gabelmann M.A. (Haus der Stadtgeschichte Bad Kreuznach), Dr. Eva Heller-Karneth (Museum Alzey), Dr. Armin Schlechter (Landesbibliothekszentrum Rheinland-Pfalz, Pfälzische Landesbibliothek)