Le « séparatisme » - trahison d’état ou planche de salut ?
Contrairement aux affirmations de la propagande allemande, le gouvernement français n'a pas cherché à annexer la zone de la rive gauche du Rhin, mais a cherché à mettre en place un État tampon francophile afin d’obtenir une certaine sécurité vis-à-vis de l'Allemagne. Pour cela il a misé sur un état d’esprit anti-prussien et sur la peur de la bourgeoisie vis-à-vis des soulèvements socialistes à Berlin et à Munich. On caressait l’espoir de rallier à cette idée la population du Palatinat par la perspective d’interdépendances économiques dans la zone frontalière.
En effet, en Rhénanie (Konrad Adenauer) et dans le Palatinat (Johannes Hoffmann) un désir d'autonomie était sous-jacent. Sans pour autant quitter l'alliance du Reich, ces forces aspiraient à une entente entre leurs Régions et la France. Mais la tentative de coup d'État du « Mouvement du Palatinat libre » du Dr. Eberhard, chimiste de Landau, échoua le 1er juin 1919, tout comme le même jour à Wiesbaden la proclamation d'une « République rhénane » prononcée par l'ancien procureur Adam Dorten.
L'invasion des troupes françaises et belges dans la région de la Ruhr en janvier 1923 et la réaction du gouvernement du Reich (en encourageant la « résistance passive ») eurent des effets économiques dévastateurs. Une fois de plus, des tentatives d'établir un État autonome dans la zone occupée furent engagées. Désormais, les dirigeants politiques du mouvement étaient même prêts à quitter l’alliance avec le Reich. Libérée du poids de la charge consécutive au conflit franco-allemand et dotée de sa propre monnaie, la Rhénanie deviendrait alors un Etat où règnerait la paix entre la France et l'Allemagne.
S’opposant à la propagande nationaliste haineuse, ces efforts trouvèrent des partisans de tous les horizons, mais ils restèrent minoritaires et, des décennies plus tard, ils furent en butte à une certaine hostilité.
Ludwigshafen, 1er décembre 1923
« La majorité de la population est opposée sinon indifférente au principe d’une République de Rhénanie. Celle-ci est maintenant proclamée dans toutes les villes du Palatinat. Il se dit qu’elle aurait des adeptes à la campagne » (Extrait du journal intime d’Armand Stiegelmann, document privé)
Auteurs
Traduction: Jacques Cercelet et de Jean-Claude Dufourd (Animation en Côte chalonnaise)
Textes et Édition: Dr. Walter Rummel (Landesarchiv Speyer), Dr. Hedwig Brüchert; Dr. Ute Engelen, Marion Nöldeke, Dr. Kai-Michael Sprenger (tous Institut für Geschichtliche Landeskunde Rheinland-Pfalz e.V.), Franziska Blum-Gabelmann M.A. (Haus der Stadtgeschichte Bad Kreuznach), Dr. Eva Heller-Karneth (Museum Alzey), Dr. Armin Schlechter (Landesbibliothekszentrum Rheinland-Pfalz, Pfälzische Landesbibliothek)