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La première guerre mondiale : la France traumatisée

Avec la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, la région de l'actuelle Rhénanie-Palatinat devint la zone de déploiement du front occidental. La bataille redoutée sur le sol allemand n’aura cependant pas lieu. En effet, depuis la guerre de 1870/71 et l'annexion de l'Alsace-Lorraine, le Reich allemand s'attendait à un conflit avec la France : il  avait préparé une offensive contre celle-ci. Au cours de plus de quatre ans de batailles sur ce front, de grandes parties du nord-ouest de la France et de la Belgique sont transformées en paysages lunaires, tandis que la zone frontalière allemande est largement épargnée. Au-delà, en 1918, lors de leur retrait de France et de Belgique, les troupes allemandes détruisirent des puits de mines, des ponts et d’autres infrastructures.
 

« Concitoyens! La Puissance publique a été remise entre les mains du Comité des Travailleurs et des Soldats; les Administrations Civiles et Militaires ont été placées sous son autorité. Toute rébellion sera réprimée sans ménagement.
[…]
Nous vous appelons à rester calme, à respecter l’ordre et à faire preuve de responsabilité […]
Que chacun reste à son poste et remplisse ses devoirs. »
[Bild: Stadtarchiv Speyer, 6-1343]

« La France au travail - reconstruction des territoires dévastés » - Document français élaboré pendant la crise de la Ruhr en 1923 à l’intention de la population allemande. Coût des destructions françaises 102 milliards, coût des reconstructions 49 milliards et montant payé par l‘Allemagne 4 milliards de francs[Bild: Landeshauptarchiv Koblenz, 612-7854]

Alors que la fin de la guerre était depuis longtemps espérée, la défaite plonge la population allemande dans l'émoi. Les marins de la Kriegsmarine refusent une insensée bataille finale. L’empereur, les rois et les princes de l'Empire abdiquent. A Berlin, indépendamment les uns des autres, sociaux-démocrates (Philipp Scheidemann) et socialistes (Karl Liebknecht) proclament la République. Aux niveaux régional et local les comités d'ouvriers et de soldats prennent provisoirement le pouvoir. Des mois durant, des affrontements dignes d’une guerre civile opposent partisans de l'ordre ancien et protagonistes d'une Allemagne socialiste. Seules les régions de la rive gauche du Rhin connaissent un calme relatif en raison de l’arrivée des troupes d'occupation.

Accueil des soldats des Régiments de Trèves à leur retour en Allemagne[Bild: Kreisarchiv Trier-Saarburg, Tb 32-10]

Malgré les innombrables morts et blessés, les destructions provoquées en France et en Belgique sont, jusqu’au tout dernier moment, présentées aux Allemands comme des victoires. Le 11 novembre 1918, le message lapidaire « Armistice signé » est apposé sur les panneaux d'affichage des postes de Police. La liste des conditions en est glaçante : « Elles parlaient sans ménagement le langage de la défaite » (Sebastian Haffner, chroniqueur allemand).

Tract français : Lettre d’un Poilu au « Michel » allemand, aux environs de 1923

« Mon cher Michel […] Tu penses que je serais mieux chez moi à reconstruire ma maison. Je suis d'accord avec toi ; mais je n'aurais nul besoin de la reconstruire si tu ne l'avais pas mise en pièces. Je pourrais probablement trouver du travail si l'usine qui m’employait était toujours debout. Mais souviens toi, Michel, ses ateliers sont vides depuis que vous autres en avez emporté les machines. J'aimerais bien retourner à la mine, mais, mon ami, par précaution tu as fait sauter les puits et inondé les galeries. Tu penses que je serais mieux auprès de mon père et de ma femme. Michel, tu as fusillé mon père et déporté ma femme en Allemagne, et elle y est morte dans la misère et la disgrâce. […] Michel, comme toi, je suis un prolétaire mais un prolétaire dont tu as vidé les poches et détruit la maison. […] » (Landesarchiv Speyer, H 1-2173)

Auteurs

Traduction: Jacques Cercelet et de Jean-Claude Dufourd (Animation en Côte chalonnaise)

Textes et Édition: Dr. Walter Rummel (Landesarchiv Speyer), Dr. Hedwig Brüchert; Dr. Ute Engelen, Marion Nöldeke, Dr. Kai-Michael Sprenger (tous Institut für Geschichtliche Landeskunde Rheinland-Pfalz e.V.), Franziska Blum-Gabelmann M.A. (Haus der Stadtgeschichte Bad Kreuznach), Dr. Eva Heller-Karneth (Museum Alzey), Dr. Armin Schlechter (Landesbibliothekszentrum Rheinland-Pfalz, Pfälzische Landesbibliothek)